Dépassements d'honoraires des médecins, l'assurance maladie tire la sonnette d'alarme !
Les dépassements d'honoraires des médecins spécialistes ont augmenté de 6,4% par an ces dix dernières années, selon les chiffres de l'assurance maladie. En 2010, leur montant a atteint 2,5 milliards d'euros. Le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie, Frédéric van Roekeghem, dénonce "une fuite en avant" et souhaite mettre fin à cette "dérive".
"Ce système dure depuis trente ans et ne fait que dériver. Il faut y mettre un terme !" Le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), Frédéric van Roekeghem, ne mâche pas ses mots pour présenter les derniers chiffres de l'assurance maladie en matière de dépassements d'honoraires des médecins.
Il insiste, devant les journalistes présents à la conférence de presse du 17 mai, sur "la nécessité de mener une réforme" sur ce sujet qui pose un véritable "problème d'accès aux soins".
En 2010, un médecin sur quatre exerce en secteur 2 et facture des dépassements d'honoraires, en complément des tarifs de base de la Sécurité sociale. Cette proportion est beaucoup plus élevée chez les médecins spécialistes que chez les généralistes puisque quatre spécialistes sur dix facturent librement leurs honoraires.
"Jusqu'à dix fois les tarifs de la Sécu en Ile-de-France"
Le montant moyen des dépassements facturés par les spécialistes représente 54% des tarifs de la Sécurité sociale en 2010, contre 25% en 1990. Exemple : sur un acte dont le tarif est fixé à 100 euros par la Sécu, le médecin facturera 154 euros au patient. Mais ces moyennes cachent d'importantes disparités. "Nous avons enregistré des pointes dans des cliniques huppées d'Ile-de-France, dénonce Frédéric van Roekeghem, avec des tarifs dix fois supérieurs à ceux de la Sécurité sociale !"
En 2010, le montant des dépassements d'honoraires s'est élevé à 2,5 milliards d'euros. Ces dépassements représentent 12% du total des honoraires perçus par les médecins, mais 17% des honoraires des spécialistes et 32% des honoraires des chirurgiens.
Les différences sont importantes entre les spécialités. Ainsi, la très grande majorité des chirurgiens (85%) exerce en secteur 2, loin devant les autres spécialistes. Cette proportion est de 50% chez les médecins ORL, les ophtalmologues et les gynécologues. Mais elle est inférieure à 20% chez les radiologues, les pneumologues ou les cardiologues, majoritairement installés en secteur 1.
Les jeunes médecins attirés par le secteur 2
Cette progression du secteur 2 va s'accélérer dans les années à venir, selon Dominique Polton, directrice de la stratégie, des études et des statistiques à la Cnam. En effet, "les jeunes médecins s'installent massivement en secteur 2", précise-t-elle. "Ce dynamisme d'installation conduit à un accroissement des dépassements d'honoraires, ajoute le directeur de la Cnam. C'est une véritable fuite en avant !"
Les disparités entre les tarifs et les spécialités se retrouvent également entre régions. 90% des chirurgiens libéraux sont en secteur 2 dans une dizaine de départements : Paris, Hauts-de-Seine, Alpes-Maritimes, Rhône, Isère, Gironde, Alsace, etc. La concurrence ne semble donc pas jouer en faveur des patients puisque les régions les mieux fournies en médecins de secteur 2 sont aussi celles où les dépassements sont les plus importants.